Implantation de frayères artificielles sur le lac de la Plate Taille

 

→  Introduction

→  Matériel utilisé

→  Choix des sites

→  Résultats

→  Perspectives

→  Conclusion

→  Références bibliographiques

 

Introduction

En 2007, une convention a été passée entre Les Lacs de l’Eau d’Heure ASBL et le Service Public de Wallonie (Division de l’Eau), en partenariat avec la Maison wallonne de la pêche ASBL, la Fédération Provinciale des Pêcheurs du Hainaut ASBL, la Fédération Halieutique de l’Entre Sambre et Meuse ASBL et l’Association pour la Défense et la Promotion de la Pêche dans les Lacs de l’Eau d’Heure ASBL (ADPPLEH).

L’objectif principal de cette convention était d’améliorer la reproduction des poissons phytophiles (espèces déposant leurs œufs sur des végétaux immergés) dont la reproduction est compromise par les variations de niveau des lacs de l’Eau d’Heure et de la Plate Taille.  Ces variations quotidiennes et saisonnières empêchent la bonne implantation des végétaux aquatiques qui servent de substrat de ponte.

 

Deux frayères placées sur le lac de la Plate Taille


En 2007, plus de 9 millions d’oeufs de gardons ont été observés sur les 80 m² de frayères artificielles flottantes qui avaient été mises en place.

Début 2008, avec l’accord de l’ensemble des partenaires, la Maison wallonne de la pêche renouvelait l’expérience sur fonds propres avec le soutien logistique de l’ADPPLEH, en espérant que les frayères seraient utilisées par plusieurs espèces en fonction de la saison.

 

Matériel utilisé

Les frayères utilisées lors de cette expérience sont de type « SOVB » en fibres synthétiques de polypropylène (limite la propagation des maladies)

 

Assemblage des frayères sur le bord du lac de la Plate Taille (fixation des cadres, des chaînes et des bouées)

 

Elles sont composées d’un cadre métallique contenant 15 lattes transversales sur lesquelles sont insérés les épis de fibres synthétiques. Les cadres sont fixés deux par deux pour constituer les « trains » de frayère qui seront mis à l’eau. Un système de bouées et de lest assure la bonne tenue de l’ensemble qui peut suivre les variations des hauteurs d’eau imposées par les transferts d’eau entre le barrage de la Plate Taille et celui de l’Eau d’Heure (production d’hydroélectricité et besoins en eau pour la Sambre et le canal Charleroi Bruxelles).

Au total, ce sont pas moins de 40m² de substrat artificiel qui ont été installés fin janvier 2008.

 

Choix des sites

Suite aux observations réalisées lors de l’étude de 2007 (NEMRY et al., 2007), un schéma d’implantation favorable a été mis au point. La Maison wallonne de la pêche a utilisé ce schéma pour implanter les frayères sur le lac de la Plate Taille. Malheureusement, il était impossible d’installer les frayères dans la totalité des sites proposés (plus de 13 sites). Nous avons donc choisi les sites arbitrairement, sur la base de critères qui nous semblaient favorables à la ponte du brochet (profondeur des fonds, végétation à proximité, situation ombragée, etc.). Au final, 4 sites ont été choisis: le premier est situé dans l’anse de la Fontaine aux Planes (superficie de la frayère : 12m²), le deuxième dans la Crique des Cabiniers (superficie de la frayère : 12 m²) et enfin les deux derniers sont situés dans l’une des branches de l’anse à proximité de l’ADEPS (2 frayères de 8m² chacune).

 

Carte de localisation des frayères artificielles flottantes sur le lac de la Plate Taille


Ces sites sont tous situés de 10 à 15 m du bord et présentent un relief de type « plat » à une profondeur de 2,5 à 3,5 m. L’un des bateaux utilisé pourl’installation des frayères disposait d’un échosondeur. Nous avons profité de cette opportunité pour disposer au mieux les frayères aux endroits choisis.

 

Examen du fond avec un échosondeur pour placer les frayères

 

Résultats

Plusieurs visites de terrain ont été menées sur le lac de la Plate Taille entre fin janvier et fin avril. L’objet principal de ces visites était de nettoyer les frayères colmatées et de détecter la présence d’œufs sur les fibres de polypropylène. Lors de notre visite du 25 avril, de nombreux œufs ont été observés sur les frayères. Les oeufs semblaient localisés sur les bords de la frayère et leur densité était variable d’une frayère à l’autre. Au total, ce sont plusieurs milliers d’œufs qui ont été pondus sur les 40m² de frayère.

 

Observation des premières pontes

 

Une dizaine d’œufs ont été prélevés pour observation et détermination ex situ. Après 2 jours, les premières larves ont éclos. Une observation au binoculaire a permis d’identifier les larves comme étant des larves de brochet (Esox lucius) (PINDER et al., 2001).

 

Identification des larves juste après l'éclosion

 

En se basant sur une durée d’incubation théorique de 120° x Jours (soit 12 jours à 10°C), les femelles ont du déposer leurs oeufs 14 jours avant notre visite de terrain. Lorsque nous comparons cette date (12-13 avril) à la météorologie du moment, deux évènements climatiques majeurs sembleraient expliquer le déclenchement de la ponte : + 16 mm de précipitation en 2 jours et + 5°C en 4 jours (température de l’air).

 

Perspectives

Larve de brochet 14 jours après l'éclosion

L’apport de cette nouvelle expérience permet d’entrevoir de nombreuses perspectives multidisciplinaires :

 

 

Conclusion

Grâce à ce nouveau projet mené à bien, la Maison wallonne de la pêche a renforcé son expérience dans le domaine des frayères artificielles à destination des poissons phytophiles. Les pontes de brochet de cette année ne font que confirmer l’utilité d’un tel dispositif dans un complexe soumis à des marnages importants. De plus, ces nombreuses pontes sont intervenues alors que le lac avait atteint sa côte maximale, ce qui laisse présager du succès que remporteraient ces frayères artificielles dans des conditions réellement défavorables (déficits hydrologiques).

Cette initiative rencontre de nombreux objectifs environnementaux prioritaires dans le contexte de la Directive Cadre sur l’Eau. Notre gestion participative dans cette expérience est un élément essentiel qui permettra d’assurer la pérennité du loisir halieutique et de ses acteurs.

 

Remerciements

Nous tenons à remercier l’ADPPLEH ainsi que ces membres qui nous ont aidés pour le montage et le démontage des frayères et tout particulièrement Claude BIERWISH et Didier WINDAL, sans qui ce projet n’aurait pu être possible cette année.

 

Références bibliographiques

Voir aussi :

→ Implantation de frayères artificielles sur les Lacs de l'Eau d'Heure
→ Restauration des milieux aquatiques
→ Qualité hydromorphologique de l'Eau d'Heure
→ Pollution de la Dendre du 06/10/2006
→ Pollution de la Sambre du 16/09/2005