Des radeaux végétalisés comme site d’accueil pour les poissons…

 

→  Le constat

→  Les radeaux végétalisés

→  Les résultats

 

Les populations piscicoles de la Meuse sont en déclin, peu de pêcheurs diront le contraire. Ce constat est également étayé par de nombreuses études. Pour exemple, le bief de Tailfer à perdu 90% de ses effectifs en gardon sur une période de 10 ans ! Si la décroissance des stocks perdure, nous pourrons bientôt inscrire cette espèce - que nous croyions, jusqu’il y a peu, comme faisant partie des poissons « communs » de notre principal fleuve wallon - au rang des espèces disparues. Et lorsque l’on analyse la situation des autres espèces, le tableau n’est pas toujours beaucoup plus réjouissant…

 

La Maison wallonne de la pêche s’est donc fixée pour objectif de contribuer à l’amélioration du milieu de vie des poissons mosans. C’est dans ce cadre qu’un nouveau projet est né en avril 2011. Celui-ci vise à développer et à mettre en place des structures semi-artificielles servant de support de ponte mais également de véritable site de croissance pour les alvins. Le défi est de taille, car il s’agit de mimer une nature aux mécanismes complexes pour construire un habitat semi-naturel capable d’accueillir les géniteurs et leur future progéniture. Cet habitat reconstruit, se matérialise sous forme de radeaux végétalisés.

 

Radeaux végétalisés

 

Ce projet va occuper la Maison wallonne de la pêche pour une durée de trois ans et a été rendu possible grâce au financement du Fonds Européen pour la Pêche, de la Région wallonne et de la Fédération Halieutique de la Haute Meuse Namuroise.

 

Le constat

Une grande partie des espèces de cours d’eau lents (espèces limnophiles) ont besoin d’un support végétal pour y déposer leurs œufs. Une fois les alevins sortis de leur enveloppe, la végétation aquatique sert de zone de refuge, mais également de source de nourriture. En effet, nombreux sont les micro-organismes, planctons, larves qui se développent dans la végétation et qui se retrouvent au menu de nos jeunes poissons…

 

Toute personne fréquentant les chemins de halages mosans, se questionnera certainement : mais où se trouve cette végétation ?! Effectivement, l’artificialisation du cours de la Meuse et la maîtrise des niveaux d’eau, limitent fortement l’installation des plantes… Les habitats de nos poissons phytophiles (déposant leurs œufs sur des plantes) sont aujourd’hui fortement réduits.

 

Les radeaux végétalisés

La renaturisation des berges de la Meuse est aujourd’hui difficilement envisageable et probablement trop coûteuse. Il fallait donc trouver une solution qui permettrait à la végétation semi-aquatique de s’installer et ceci sans gêner la navigation. Des radeaux végétalisés ont donc été conçus et mis en place sur certaines annexes fluviales de la Meuse (noues en Haute Meuse et darses en Basse Meuse). Leur mise en place se poursuit actuellement.

 

Concrètement, les radeaux sont des structures flottantes qui accueillent des plantes dont le systèmes racinaire baigne dans l’eau alors que tiges et feuillent restent aériennes. Ce sont alors les racines qui servent de substrat de ponte et qui recréent l’habitat des alevins.

 

La saison 2011 à été consacrée à expérimenter les espèces végétales aptes à pouvoir croître sur les radeaux tout en fournissant un système racinaire suffisamment développé pour recréer l’habitat escompté. Neufs espèces herbacées et deux espèces ligneuses ont été choisies en fonction de leurs caractéristiques écologiques et des facilités à pouvoir les cultiver. Cette dernière étape est en effet primordiale, étant donné que seules des espèces indigènes et de souches locales ont été choisies pour la multiplication.

Chaine de petits radeaux végétalisés installés sur une noue de Meuse

Chaine de petits radeaux permettant une manipulation individuelle optimale (observation des croissances racinaires et des pontes de poissons)

 

Connaissant aujourd’hui les espèces végétales les plus aptes à se développer sur les radeaux, les structures définitives sont en cours de mise en place. 240 m² seront installés au terme de cette année. Ceux-ci auront une superficie individuelle de 20m² et seront opérationnels pour la saison de ponte 2013.

 

Radeaux définitifs installés sur une darse de la Basse Meuse

Radeaux définitifs installés sur une darse de la Basse Meuse

 

 

Les résultats

Vous vous posez certainement la question suivante : cela fonctionne-t-il vraiment ? Nous vous laissons constater en images…

Ponte de carassin sur des racines d'Iris jaune

Ponte de carassin sur des racines d’Iris jaune

 

Alors que le printemps 2012, s’est montré tardif, les premières pontes observées, n’ont eu lieux que fin avril. Pour une surface totale de 80 m² de radeaux sur deux noues de la Haute Meuse, près de deux millions d’oeufs ont été pondus par trois espèces différentes : la brème, le carassin et l’ablette. Un résultat sans précédent !

Les alevins issus de ces pontes trouvent maintenant la nourriture nécessaire à leur développement au sein même des enchevêtrements racinaires, véritable forêt immergée, qui se développent et se régénèrent sous les radeaux.

Bien entendu, nous espérons tous que d’autres espèces confieront leurs « rejetons » aux radeaux. A découvrir dans un prochain article…

 

 

Avec le soutien du "Fonds européen pour la pêche", investissons dans une pêche durable.

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Voir aussi :

→ Les radeaux végétalisés
→ Les frayères artificielles
→ Le frai de la truite fario
→ Evolution des radeaux végétalisés
→ Radeaux végétalisés LEH