Restauration des milieux aquatiques

Ru "Le Doyen"

 

Contexte

Le Ru "Le Doyen" ou "Le Doyin" est un affluent de la Lesse dont la confluence se situe en aval de Lessive, petit village proche de la ville de Rochefort situé en province namuroise. La Lesse et la Lomme sont les deux rivières principales qui drainent la région. Au niveau de la confluence avec le Ru, la Lesse est classée en régime piscicole "eaux mixtes". L'urbanisation croissante que connaît actuellement la Région n'a pas épargné le Val de Lesse englobant les communes de Houyet et Rochefort. Le développement de cette région n'a pas été sans conséquence sur la qualité de l'eau et du milieu.

 

Carte du ru

 

Dans ce contexte, de nombreuses actions ont été menées par le Comité Royal de l'Amicale des Pêcheurs de la Lomme et de la Lesse asbl afin de sauvegarder les populations locales de truites. Malheureusement, la région n’offre que peu de ruisseaux permettant une reproduction naturelle des truites sur l'entité de Rochefort. Cela se révèle devenir un obstacle majeur pour assurer la pérennité et la survie autonome de l'espèce.

 

Le Ru "Le Doyen"

Restauration du ru

 

Le Ru prend sa source au coeur du massif forestier de Famenne. La majeure partie de ce cours d'eau de 3ème catégorie (gestion communale) est forestier. En période estivale, le ru peut connaître des périodes de sécheresse partielle mais pas totale (l’ensemble du lit n'est pas à sec et est alimenté ça et là par des petites adductions d’eau, ce qui favorise la présence de poches d’eau continuellement réalimentée). Le choix de ce ru a été motivé par la présence de conditions potentiellement favorables au frai des truites. Cependant, outre les nombreux points positifs : absence de rejets urbains ou agricoles, majorité du cours en zone boisée, absence de piétinement par le bétail, le ru ne permettait pas le frai pour plusieurs raisons :

 

  1. La présence d'obstacles majeurs à la confluence avec le Lesse empêche la remontée des géniteurs.
  2. Les embâcles dans le lit du ruisseau obstruent celui-ci.
  3. La végétation surabondante présente sur les rives prive le ruisseau de photosynthèse.
  4. La végétation anarchique entraîne l'accumulation de matières organiques sur le fond du lit. La présence de ces matières provoque un envasement et/ou un colmatage du substrat.
  5. La décomposition de la matière organique consomme l'oxygène dissous dans l'eau qui n'est plus disponible pour les divers organismes qui ont besoin de cet oxygène pour vivre.
  6. La présence de résineux sur les berges accentue l'accumulation de matière organique dans le ru et l'interception de la lumière qui ne peut plus atteindre la surface de l'eau réduisant drastiquement la photosynthèse.

 

Aménagement

Afin de lutter contre ces effets néfastes, des aménagements ont été réalisés pour favoriser les populations de truites dans ce ruisseau frayère. Plusieurs actions ont été menées sous la conduite du Service de la pêche.

  1. Mise en lumière du cours d'eau : l'élagage et le débroussaillage des rives ont favorisé la photosynthèse dans le ru et le développement des divers organismes tels que des macro-invertébrés, des larves d'insectes, des gammares...
  2. Elimination des embâcles et des accumulations de végétaux : cette suppression a permis une meilleure oxygénation de l'eau ainsi que la diminution du risque d'envasement du substrat.
  3. Réimplantation d'alevins de truite fario qui, grâce au suivi, permettra de déterminer la capacité d'accueil réelle du cours d'eau.
  4. Suppression des obstacles majeurs : cette action n'est pas encore totalement terminée mais l'élimination des premiers obstacles importants permet déjà d'entrevoir les premiers signes d'une nouvelle libre circulation des poissons entre la rivière et son ruisseau. En présence de conditions hydrauliques satisfaisantes pour autoriser la remontée des géniteurs fario en automne, les promoteurs ne doutent pas que ces améliorations seront d’un effet décisif pour rétablir un cycle normal de reproduction. Quoiqu'il en soit, déjà cette année 2005 a vu la densité de truitelles exploser sur la Lesse en aval de la confluence du ruisseau. Celles-ci proviennent des premières mises en charge du ru au moyen d’alevins, dont la dévalaison après croissance a été remarquable.

 

 

 

A ce stade, le plan de réhabilitation du Doyen est une réussite. L'équipe qui a orchestré ce projet en exporte le concept à deux autres ruisseaux de la région. Tous deux connaissent des problèmes similaires à des degrés divers. Avec ces initiatives, l'espoir de conforter les populations naturelles locales de truites fario est devenu une réalité. Formons le souhait que pareilles actions fassent école en Région wallonne.

 

De nombreuses personnes ont contribué à ce projet, merci à tous pour votre dynamisme animé par une passion commune !

 

Avec l'aimable collaboration de Monsieur Alain PIERRET.

Source : Alain PIERRET - Le Pêcheur Belge n°7 - Septembre 2005

Crédit photographique : Alain PIERRET

Voir aussi :

→ Qualité hydromorphologique de l'Eau d'Heure
→ Restauration des milieux aquatiques
→ Qualité hydromorphologique du Bocq
→ Pollution de la Dendre du 23/09/2007
→ Historique des pollutions majeures en Wallonie